Évangile de Jésus Christ selon Matthieu au chapitre deux
Après le départ des mages, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. » Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère, et se retira en Égypte, où il resta jusqu’à la mort d’Hérode, pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : D’Égypte, j’ai appelé mon fils.
Alors Hérode, voyant que les mages s’étaient moqués de lui, entra dans une violente fureur. Il envoya tuer tous les enfants jusqu’à l’âge de deux ans à Bethléem et dans toute la région, d’après la date qu’il s’était fait préciser par les mages. Alors fut accomplie la parole prononcée par le prophète Jérémie : Un cri s’élève dans Rama, pleurs et longue plainte : c’est Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas être consolée, car ils ne sont plus. (Jr 31, 15). (Mt 2, 13-18)
Source de l’image → Saints Innocents, www.introïbo.fr
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Dans les premiers temps de l’Église , des récits qui avaient la faveur de la population, cherchaient à communiquer tout ce que l’on ne savait pas de l’enfance de Jésus, ce qui n’était pas dans l’Évangile. Ces histoires ressemblent beaucoup aux histoires juives relatives à l’enfance d’Abraham ou de Moïse. L’histoire des mages (Mt 2, 1-12) et le massacre, sur l’ordre d’Hérode, des enfants de Bethléem viennent de ces récits populaires.
Au début de son évangile, Matthieu reprend ces histoires sans s’inquiéter de leur authenticité. On a mis en doute ce meurtre des enfants de Bethléem, parce que l’historien Flavius Josèphe n’en parle pas. Dans le petit bourg de Bethléem et qui ne comptait que quelques maisons isolées au-delà, il pouvait, selon le calcul de Winer, se trouver dix ou douze enfants mâles au-dessous de deux ans. De ce fait il ne fut pas relevé par les annales. Le fait que Josèphe ne mentionne pas cet événement ne constitue pas un argument contre son historicité. Ce qui est vrai c’est qu’il coïncide avec les brutalités d’Hérode rapportées par Flavius dans Antiquités Juives.
Notes : Hérode Ier le Grand, fils d’Antipater, est né à Ascalon en 73 av. J.-C. et mort à Jérusalem en 4 av. J.-C. Il est roi de Judée de 37 av. J.-C. à 4 av. J.-C. Hérode le Grand est l’un des personnages les plus importants de l’histoire de l’époque du Second Temple. Son histoire est surtout connue par les écrits de Flavius Josèphe. Grand bâtisseur, il fut placé sur le trône de Jérusalem par les Romains. Pour garantir la séparation du culte et de l’État, il retire le pouvoir politique aux prêtres, qui n’ont plus qu’un rôle spirituel. Par peur des complots, sa folie passagère l’amène à faire assassiner beaucoup de gens. Son impopularité a laissé des traces dans l’Évangile de Matthieu : selon celle-ci, les Sages ayant annoncé la naissance à Bethléem du « roi des Juifs Hérode l’ayant fait chercher, il aurait ordonné la mise à mort de tous les enfants de la ville âgés de moins de deux ans.
Le meurtre de ces enfants, pour autant qu’il eut lieu, s’ajouterait aux crimes d’Hérode, qui, après avoir sacrifié sa femme et deux de ses fils, en fit périr un troisième, Antipater, peu avant de mourir ; qui fit noyer son beau-frère Aristobule qui était devenu très populaire (Antiquités Juives, 15 & 54-56) ; qui fit conduire au supplice des conjurés avec toute leur famille, qui atteint de sa dernière maladie, en fureur contre le peuple de Jérusalem parce qu’il allait se réjouir de sa mort, ordonna de rassembler dans le cirque de Jéricho tous les principaux de la ville et de les y faire périr dès qu’il aura expiré, ainsi, disait-il, « qu’il y ait au moins des larmes répandues après ma mort. » (Flavius Josèphe, Antiquités, XVII, 6, 5.) Hérode mourut d’une maladie horrible, peu après le meurtre des enfants de Bethléem. (Flavius Josèphe, Antiquités, XVII, 8 et 9, et Guerre des Juifs, 1, 33.)
Dans les évangiles de Marc, Luc et Jean, nous ne trouvons aucune allusion à la venue de mages à Bethléem, ni au massacre d’enfants dans cette localité. Quant à Jean, il commence son récit par un prologue nous révélant que Dieu est entré, grâce à son Verbe, dans notre histoire. Prologue suivi du témoignage de Jean-Baptiste à Bétaraba , au delà du Jourdain, là où il baptisait. (Jn 1, 28)
Les mages, étaient prêtres de la religion de Zoroastre, devins et astrologues. Matthieu en écrivant que la nouvelle de la naissance de Jésus fut annoncée à ceux-ci, ni aux chefs, ni aux prêtre juifs, a voulu signifier que cette révélation vaut pour tous les temps : Jésus est le Sauveur de tous et non seulement des personnes faisant partie de l’Église.
Le massacre des enfants mâles de Bethléem jusqu’à l’âge de deux ans, annonce celui de Jésus qui, par la croix, a réconcilié avec Dieu juifs et païens (Ep 2, 16) En citant Jérémie (Jr 31,15) , Matthieu fait allusion à d’autres événements douloureux et violents vécus par le Peuple de Dieu.
La voix du sang versé par les hommes ne cesse pas de crier, de génération en génération, prenant des tonalités et des accents variés et toujours nouveaux. La question du Seigneur « Qu’as-tu fait ? », à laquelle Caïn ne put se dérober, est aussi adressée à l’homme d’aujourd’hui. Et comment ne pas évoquer la violence faite à la vie de millions d’êtres humains, spécialement des enfants et bien souvent à de très jeunes enfants. À la révolte de l’homme contre Dieu s’ajoute la lutte mortelle de l’homme contre l’homme.
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Liens externes
◊ Les saints innocents, martyrs → homélie
◊ Signification allégorique de la fuite en Égypte et la violence d’Hérode
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